11 septembre 2017

Portraits de
parisiens

Mathilde Jonquière, mosaïste

Illustrations par Cassandre Montoriol

Elle nous reçoit dans son atelier du 18ème. Elle, la mosaïste étiquetée savoir-faire à la française. La mosaïste de la Grande Epicerie de Paris, celle de l’hôtel Aiglon à Montparnasse et du Wepler, elle travaille donc à quelques pas du quartier de Château Rouge  ? Elle s’amuse de notre remarque formatée sans doute parce que Mathilde Jonquière n’a rien d’une fille snob. Et c’est précisément pour cela qu’elle est si intéressante. Les idées reçues, préconçues, non merci  ! « Le quartier regorge d’authenticité et d’artisans, il est très vivant. L’été, c’est un vrai défilé de mode, c’est génial, on ose tout ici. C’est primordial de défendre les ateliers dans Paris. Notre travail, ce n’est pas de la série, c’est de la Haute Couture ! »

« J’aime me sentir libre. Dans mes créations comme dans la vie. Passer de la Rive Gauche à la Rive Droite »

Mathilde aime les contrastes et aussi travailler la lumière, jouer entre les mats et les brillants, donner du mouvement à un dessin.

A l’heure où sa génération a dû faire un choix, soit se mettre à l’ordinateur, soit rester figée, elle a préféré retourner à la matière. Si elle a choisit la mosaïque comme moyen d’expression, elle a eu la délicatesse d’effacer le côté  académique en l’envisageant d’un œil contemporain. « Chez les mosaïstes, on a chacun notre personnalité. Moi, c’est le dessin graphique, le mouvement et la profondeur qui me différencie. J’ai longtemps travaillé sur les interstices du rond. Maintenant je suis passée au losange ! »

Je suis dans la méditation. J’adore ce travail sur la lenteur.

C’est un travail d’une lenteur extrême. On doit dessiner à l’aquarelle puis retranscrire. Découper à la pince, préparer les coupes à l’avance, poser le dessin à l’envers pour faciliter et anticiper la pose. Ensuite vient le collage. Il faut compter en tout presque 2 mois de travail pour 7m2 de fresque ! Dans de vieux tiroirs d’imprimerie, elle range ses chutes par couleurs, des émaux de verre de toutes les couleurs.  Ses inspirations ? La peinture, la photographie, la danse contemporaine dont les mouvements du corps l’interpellent et bien sûr Paris. « Cette ville donne une énergie totale, une énergie faite de rencontres. Pour moi, Paris est une ville de liberté ».

mathildejonquiere.fr

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