22 août 2016

Portraits de
parisiens

Léo, le libraire d’art

Après Agnès Varda, l’autre star du quartier c’était lui. Un libraire d’art pas banal. Avant de plier les malles contraint et forcé par son proprio, réhabilitation de l’immeuble oblige, il nous a laissé un portrait de lui peu banal.

Léo

21, rue Boulard, 75014 Paris

On m’appelle Léo

Léo ne passait pas inaperçu. Dans le quartier il y a ceux qui étaient fans et ceux qui ne l’appréciaient pas, lui et ses humeurs. Le lieu pourtant était hors du commun entre capharnaüm et caverne d’Ali baba selon de quel côté votre cœur penchait. Il n’empêche que l’on venait du Japon lui tirer le portrait et consécration ultime, Télérama s’était même fendu d’un article sur lui ! Spécialisé dans l’art , il répertoriait aussi bien de nouveaux ouvrages que des livres épuisés et quelques romans qu’il trouvait au hasard de ses prises.

Il n’y a pas un livre qui ne soit pas passé entre mes mains. Pour le classement ? J’ai un ordinateur dont je ne me sers pas. Par contre, j’ai un solide disque dur !

Pendant plus de 30 ans, il a amassé des piles de bouquins qu’il exposait jusque dans le coffre de sa voiture. Sur 50m2, il alignait à la verticale 30 000 livres, un exploit dont il feignait de ne pas être fier. A l’intérieur, les colonnes serrées par thèmes étaient presque droites.

Ma clientèle ? Plutôt sympa, sinon, les autres, je les vire !

Un étroit passage permettait l’accès à la cafetière, vital par grand froid. Il y a avait ceux qui avaient droit à une tasse de café et ceux qui avaient droit à la soupe à la grimace. Il était comme ça Léo, il avait ses têtes. Dans la rue, tout le monde le connaissait et nombreux  le saluaient. La dernière fois que je l’ai vu il rêvait de fonder un centre de documentation d’art contemporain.