30 septembre 2019

Portraits de
parisiens

Kanu, Haircowboy de rue

Il se surnomme Haircowboy peut-être parce qu’il officie sur le macadam. Son prénom, c’est Kanu et depuis plus de 7 ans, il « ne coiffe pas mais sculpte » les cheveux dans la rue. Il alterne clope, peigne -qu’il désinfecte d’un coup de lingettes anti-bactériennes entre chaque client, petite note pour tenter de rassurer les mysophobes – et ciseaux d’argent. Vous le trouverez quelque part vers le n°67 de la rue de la Verrerie quasiment tous les jours de la semaine. Ses clients ? Pas mal de passantes ! Il y a ses habituées et d’autres plus timorées qu’il attrape au lasso (comme moi) en dégainant sa tchache teintée d’un accent ricain.

Résiste moi. Ne suis pas mes mouvements

Avant, il a été mannequin et connu son heure de gloire dans le sitcom phare des années 90 « Hélène et les garçons » où il était l’un des musiciens – le joueur de tam-tam plus exactement. Un jour une amie lui demande de couper ses cheveux. « Ils étaient longs, on était sur la plage et il y a eu du vent. Je me suis mis à lui couper les cheveux en spirale et c’est ainsi que j’ai créé mon style de coupe. Je suis visagiste-sculpteur. Je fais l’amour avec les cheveux ». Douillettes s’abstenir, ça tire un peu tout de même quand il déploie sa force incroyable pour dompter les mèches.

Ta coupe c’est entre toi et moi. Tu t’en fous du regard des autres dans la rue

Debout dans la rue, client et coiffeur forment un duo qui questionne les passants. Lui ne s’en soucie pas, il est trop occupé à alléger la chevelure en lui apportant du volume. Vous avez peur ? Il peut aussi juste faire vos pointes pour tenter l’expérience une première fois. Dans la rue, on le photographie, on le filme, on s’arrête pour le regarder officier comme s’il s’agissait d’un happening. On se sourit aussi beaucoup entre filles. Personne n’est indifférent. Alors bien sûr, il y a ceux qui « le love » comme il dit et les autres. Ceux qu’agace son rapport facile aux gens et la façon qu’il a d’être bien à sa place où qu’il soit, même sur un trottoir.

 

Tous les jours, de 11h à la fermeture des boutiques.