28 mars 2018

Portraits de
parisiens

Le monde d’Ali, le dernier crieur de journaux

 

Il s’appelle Ali. Ali Akbar et il précise qu’il est venu en France en touriste dans les années 70 et qu’il a décidé de rester. Le dernier vendeur de journaux à la criée de Paris est une figure bien aimée de Saint-Germain-des-Prés. À tel point que lorsque la Mairie du 6ème a demandé à ses habitants quelle personnalité du quartier ils voulaient voir sur la fresque murale de la rue du Four, il est arrivé en tête, devant Frédéric Beigbeder ! Ali Akbar vend Le Monde (et le JDD le dimanche), 7 jours sur 7 entre 12h30 et 15h d’Odéon à Sèvres-Babylone. Dans la rue, mais surtout dans les bars et les restaurants, il débarque son Monde au bras. Il apporte les nouvelles du jour dans son quartier de prédilection,  le 6ème, le fief des éditeurs, les derniers irréductibles qui attachent encore de la valeur au papier. Fidèle, sa clientèle a même mené une pétition en 2016 pour qu’il demeure à son poste quand Le Monde a fermé son dépôt parisien.

 

 

J’ai commencé dans les années 70 avec Libération et Charlie Hebdo, mais désormais avec la crise je ne vends plus que Le Monde et le JDD

Tous les jours, qu’il neige ou qu’il pleuve, il vend une cinquantaine d’exemplaires. Il surgit tel un éclair amenant avec lui sa bonne humeur et son humour. Sa marque de fabrique ? La fake news ! Il s’amuse à détourner les unes et les crie pour faire rire son public qui le plébiscite à tous les coups. Sa personnalité est telle qu’il a déjà publié trois livres où il raconte ses mémoires.

Je continuerai la vente dans la rue pour faire un peu de sport !

A 15h, il prend son thé à une terrasse et en profite pour vendre ses derniers exemplaires à des habitués qui tous le saluent avec sympathie. Il attend toujours un signe de la mairie pour l’emplacement d’un kiosque afin de se reconvertir « parce que, vous savez, la presse, c’est fini ». Il aimerait vendre des « petites choses » et travailler avec l’un de ses fils, mais, rassurez-vous, il n’est pas pour autant décidé à lâcher ses journaux.

 

Où le trouver ? Par exemple, Boulevard Saint-Germain au Flore et aux Deux Magots, Rue de Buci, rue des Canettes.